Comprendre les crues

Un caractère torrentiel bien affirmé

De la crue à l'inondation

Sur le bassin versant du gave de Pau, l’hydrologie varie d’une saison à l’autre et dépend fortement des conditions météorologiques. En effet, en fonction de la saison, de l’intensité des précipitations, de leur répartition et d’une éventuelle fonte du manteau neigeux, qui constitue un facteur aggravant sur le territoire des gaves (voir par ailleurs), les débits observés seront variables. On parlera d'une crue lorsque les débits augmentent et d'une inondation lorsque les cours d'eau débordent de leur lit mineur. 

Cette situation devient problématique lorsque les débordements surviennent sur des zones urbanisées : habitations, zones d’activités, routes...

 

Les caractéristiques des crues torrentielles

Dans un territoire montagneux comme celui des vallées des gaves, les crues ont un caractère torrentiel. Lors d’épisodes orageux observés en été ou en automne, des précipitations remarquables de plusieurs centaines de millimètres d’eau peuvent s’abattre en quelques heures sur les crêtes faisant rapidement augmenter le niveau de nos rivières.

Les eaux ruissellent et se concentrent rapidement dans le cours d'eau, d'où des crues brutales et violentes dans les torrents où la pente est importante. Le lit du cours d'eau est en général rapidement obstrué par le dépôt de matériaux, sédiments et bois morts qui peuvent former des barrages appelés embâcles. Lorsqu'ils viennent à céder, ils libèrent une vague qui peut être très dangereuse. 

Les gaves sont mobiles

Quand le cours d'eau est intenable

Lorsque le cours d'eau est en crue, l’érosion s’accentue, entraînant le transport des sédiments. Inversement, quand le débit ou la pente diminuent, les sédiments se déposent au fond du cours d’eau. La dynamique fluviale conditionne le fonctionnement des milieux aquatiques et l’hydromorphologie locale (forme du lit et des berges).

Une rivière étant dynamique, son tracé fluctue au cours du temps : on dit qu’elle est mobile. A travers ses mouvements latéraux (érosion des berges) et verticaux (érosion du lit) d’une part, et de dépôt de sédiments d’autre part, un cours d’eau est en constante recherche d’équilibre.

 

L’espace de mobilité d’un cours d’eau correspond ainsi à l’espace du lit majeur à l’intérieur duquel le lit mineur peut se déplacer

La mobilité historique

Il est possible de reconstituer la mobilité historique des gaves à travers l'exploitation des images aériennes (photos aériennes, images satellites). A partir de ce travail, nous pouvons délimiter le fuseau maximal dans lequel le gave s'est écoulé dans le passé : c'est l'espace de mobilité fonctionnel. Dans la mesure où la préservation de ces espaces favorise la dissipation naturelle de l'énergie du cours d'eau, elle répond aux objectifs de prévention des inondations. 

 

Le proverbe à propos des colères du gave

Jean-François Labourie, dans son édito du numéro 257 de la Revue Pyrénées, nous remémore les écrits de Jean Bourdette (1818-1911), historien qui vécut dans le Lavedan (vallées des gaves), qui rappelle ce vieux proverbe :

 

« Et mes gran proupietari det Labeda qu’ey et gabet »,

« Le plus grand propriétaire du Lavedan, c’est le gave ».

 

Selon Jean-François Labourie, "Jean Bourdette précise que ce proverbe fait ici allusion au gave qui ronge et emporte les berges et prairies agricoles à chaque crue, et qu’il change de cours. Comme si la sagesse populaire avait intégré les débordements calamiteux de ce gave qui a creusé la vallée et qui en reste, aujourd’hui encore, le « grand propriétaire »."

Comprendre la crue torrentielle du 18 juin 2013

Le PLVG a produit un film-mémoire sur la crue historique du 18 juin 2013. Cette vidéo est une version courte du film et revient sur les mécanismes ayant conduit à cet épisode catastrophique pour les vallées des gaves.